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Jean-Luc, son ami blessé, la lettre d'Antoine Leiris et la contribution aux fond de garantie contre les actes de terrorisme

Jean-Luc travaille au Tennis-Club de la Faluère (tennis-club de la mairie de Paris) dans le bois de Vincennes.

Il reçoit le règlement pour l'utilisation des cours de tennis (location à l'heure en ligne sur le site de la mairie de Paris), éclaire les cours utilisés la nuit, veille aux entrées et sorties et a peut-être d'autres tâches que je ne connais pas.

J'ai rencontré Jean-Luc durant les premiers jours de mon habitation au bois quand j'entrais systématiquement dans les lieux de sport du bois pour les découvrir.

Aujourd'hui je suis passée au tennis-club pour demander à Jean-Luc s'il était d'accord pour que je le prenne en photo avec un masque que j'ai créé à partir du plan du bois de Vincennes.

Il a volontiers accepté.

Il faisait très beau aujourd'hui, la photo est réussie.

Puis nous avons parlé. Un ami de Jean-Luc a été blessé aux jambes lors des attentats de la semaine dernière. Il était à la terrasse d'un café. Jean-Luc est inquiet pour son ami qui est choqué et qui ne parle pas trop de ce qui est arrivé. Nous avons évoqué ce qui peut être dit ou pas, s'il faut pousser les personnes à parler ou pas, nous étions d'accord sur le fait qu'il faut qu'il soit disponible pour son ami, qu'il soit présent s'il a besoin mais ne pas le forcer à parler, laisser le temps faire son travail. Jean-Luc ne voudrait pas que son ami garde de l'aggressivité.

Je lui ai parlé de la lettre qu'a écrite Antoine Leiris, journaliste dont la femme a été tuée lors de l'attentat au Bataclan. J'avais ententu le comédien André Dussolier lire cette lettre à la radio la veille au soir.

Voici la lettre :

«Vendredi soir, vous avez volé la vie d'un être d'exception, l'amour de ma vie, la mère de mon fils, mais vous n'aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a faits à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son cœur.

Alors non, je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l'avez bien cherché pourtant, mais répondre à la haine par la colère, ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j'aie peur, que je regarde mes concitoyens avec un œil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore.

Je l'ai vue ce matin. Enfin, après des nuits et des jours d'attente. Elle était aussi belle que lorsqu'elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j'en suis tombé éperdument amoureux il y a plus de douze ans. Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu'elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n'aurez jamais accès.

Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus forts que toutes les armées du monde. Je n'ai d'ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et, toute sa vie, ce petit garçon vous fera l'affront d'être heureux et libre. Car non, vous n'aurez pas sa haine non plus. »

Jean-Luc m'a dit qu'il avait appris qu'une part était prélevée sur les loyers pour venir en aide aux victimes. Il trouvait ça bien.

J'ai regardé sur internet : en fait c'est une contribution qui est prélevée sur les assurances des habitations. Quand on souscrit un contrat d'assurance pour son logement (ce qui est obligatoire) une taxe fiscale est effectivement prélevée ainsi qu'une contribution au Fonds de garantie contre les actes de terrorisme et autres infractions de 4,30 € par contrat (pour le risque incendie). Je ne le savais pas.