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Kafka et Casanova

Dans la continuité du travail de La Revue Éclair consacré cette saison à la frontière, la marge, l'errance et la rencontre, nous porterons notre regard ce week-end vers deux figures de la marginalité : l'artiste et l'aventurière.

L'artiste du peuple des souris, Joséphine la Cantatrice, telle que la décrit Franz Kafka est un exemple d'auto proclamation. Oui, elle chante et réclame le silence -voire un dédommagement - pour le faire, mais son chant est-il vraiment un chant, ou un simple couinement? Franz Kafka laisse la question en suspension, et tisse autour de ce vide creusé sous les pieds du lecteur un texte fascinant d'ambiguïté et de contemporanéité. C’est au reste le dernier texte qu’il écrira, avant de mourir, dans un sanatorium en 1924.
Maurizio Lazzarato, philosophe, a donné à la Tate Gallery une conférence sur les métamorphoses du statut de l’artiste après Duchamp. Il a axé sa réflexion sur la notion d’artiste sans qualité, sans virtuosité, suspect de charlatanisme et objet de fascination et sa place exemplaire dans la société post-moderne.

Un charlatan avoué, voilà bien Giacomo Casanova. Chevalier d’industrie, voyageur, séducteur, joueur, voilà un homme qui brouille les cartes. Et pourtant à la lecture de son Histoire de ma vie, on ne peut que constater qu’il existe bien un centre constant dans la vie de cet homme, son amour de la vie, son amour des femmes. Un amour multiple, toujours renouvelé, mais toujours sincère. Le plus grand amour de Casanova, fut probablement Henriette, une mystérieuse aristocratique française qu’il rencontra travestie en homme, exilée en Italie. Nous avons intitulées les pages que nous avons extraites des mémoires de Casanova : Je suis heureux avec Henriette. Un objet marginal, fragile, hors du monde et de ses convention, fruit de la rencontre, et éphémère comme elle, voilà bien le bonheur.
Nous espérons que les spectateurs qui viendront à la Roche-Guyon le partageront avec nous.