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2019 - Les petites épouses des blancs/histoires de mariages noirs - presse - Un article de Chloé Copalle dans Toute la Culture

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Un article de Chloé Copalle dans Toute la culture 21/11/2022 

Avec « Les Petites Epouses des blancs / Histoires de mariages noirs », Marisa Gnondaho dit Simon et Stéphane Olry signent une des pièces les plus intéressantes sur l’héritage familial colonial

20 novembre 2022 | PAR Chloé Coppalle

Il y a trois ans, Marisa Gnondaho dit Simon et Stéphane Olry reçoivent une commande du théâtre de La Poudrerie de Sevran pour monter une pièce sur le thème de la relation. Il en découlera Les Petites Épouses des blancs / Histoires de mariages noirs…

À l’origine, Marc Simon et un livre

Marc Simon était administrateur colonial au Dahomey dans les années 1900. Il y rencontre une femme du nom de Gnondaho, dont au départ, on ne sait rien. Charles Simon naît quelques mois plus tard, de cette union qu’on imagine poétiquement être un mariage. Il fut laissé à sa mère quand le père rentra en métropole, à l’instar de nombreux enfants dans cette situation. Sa mère s’installe à Bamako et reconstruit sa vie avec force et caractère. De son côté, Marc Simon rentre en France, cache à sa famille toutes ces histoires et publie un livre : Souvenirs de brousse, 1905-1918 : Dahomey, Côte d’Ivoire. Marisa Gnondaho, dit Simon, est l’arrière-petite-fille de Marc Simon et Gnondaho. Le personnage de Stéphane, quant à lui, est aussi un arrière-petit-fils de Simon, mais du côté français. Les deux cousins vont alors questionner leur famille sur cette histoire coloniale remplie de non-dits, et repenser leur héritage.

Questionner l’héritage colonial

Dans la vraie vie, Stéphane et Marisa ne sont pas cousins. Marisa Gnondaho est bien la vraie arrière-petite-fille de Marc Simon. Même s’ils ne font pas partie de la même famille, Stéphane Orly a lui aussi une généalogie marquée par le passage d’un de ses membres dans les colonies. Alors au théâtre, ils ont décidé de croiser leurs histoires autour d’une même question : descendre de colon, qu’est-ce que ça veut dire ? Ce double regard fait la grande pertinence de la pièce. Alors qu’on aborde souvent le sujet des descendants d’esclaves, que signifie avoir un ancêtre colonial quand on est Blanc ? Quand Stéphane demande à sa mère ce qu’elle sait de « Bon Papa », cette dernière décourage les recherches sur le passé familial, car, pour elle comme pour beaucoup d’autres familles, c’est un tabou. Quand Marisa pose des questions de son côté, certains récits racontent l’histoire d’un couple qui s’est marié, un « mariage noir » (mot désignant les mariages mixtes à l’époque coloniale), alors qu’il n’en était rien. Cette question du fantasme est importante car les récits coloniaux étant violents, ils permettent des deux côtés d’assainir les imaginaires.

Les Petites Épouses des blancs / Histoires de mariages noirs aborde par divers angles précis et bien construits : l’exhibition des corps africains dans les « reportages » ethnographiques, le voyeurisme des images, le statut juridique des métis, les enfants non reconnus par les pères, les successions des familles hors mariages… Ces problématiques sont accompagnées d’une réflexion sur les textes juridiques les ayant mis en place, ce qui augmente la pertinence du propos car ils apportent une précision historique et documentaire. La pièce propose une analyse critique vraiment intéressante du livre de Marc Simon. 

En bref, Les Petites Épouses des blancs / Histoires de mariages noirs est une des meilleures pièces sur la question de l’héritage familial colonial ! Il a été judicieux de soulever autant de thématiques sociales à travers l’espace familial. Un grand bravo au texte !

Un article de Véronique Hotte dans Hottello, novembre 2022
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