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2017 : Revue de presse Les Habitants du bois - Holly Buzz - Pierre François

Page 3 sur 6: Holly Buzz - Pierre François

 HOLLY BUZZ - PIERRE FRANÇOIS

Artistique et réjouissant.
« Les Habitants du bois » n’est pas à proprement parler une pièce de théâtre. ses créateurs parlent plutôt d’une « performance ». De quoi s’agit-il ? Depuis un an, quatre artistes – danseuse, plasticien, musicien, vidéaste – ont été hébergés pendant une saison chacun dans les combles du Théâtre de l’Aquarium, lui-même situé au cœur du bois de Vincennes. Leur mission était d’explorer le bois, et d’aller à la rencontre des personnes qui le fréquentent dans une perspective artistique.
Corine Miret, danseuse, met en avant le fait qu’explorant seule le bois de jour comme de nuit, elle ne s’est jamais sentie en danger : « Les forestiers, qui connaissent tout le monde, disent où sont les personnes un peu folles qu’il ne faut pas déranger, les autres ne désirent pas attirer l’attention sur elles ». et combien le bois, loin d’être un repère de marginaux est tout simplement un endroit où tout le monde se croise avec la même indifférence qu’en ville « on y trouve des joggeurs, l’école de la police, des prostituées, le centre d’entraînement des sportifs qui se préparent aux jeux olympiques, des travestis, un rucher, des sans domicile, des cyclistes... ».
Certains ont offert une œuvre en cours ou dès la fin de leur résidence. Ainsi Jean-Christophe Marti a-t-il proposé tous les jeudis d’été aux personnes se trouvant dans le bois – des joggeurs aux travestis – de participer à un chœur sans prérequis musical. Par ailleurs, une sculpture végétale (un lustre fait de racines et de plumes) orne depuis plusieurs mois le grand hall du théâtre, œuvre de Johnny Lebigot.
Tous participent en ce moment à cette « chronique fantasque d’une exploration », sorte de feuilleton comportant une chronique par jour (avec, au début de la représentation, un rappel des chroniques précédentes) et une intégrale le 30 avril. Le style est loufoque et finement comique mais se fonde sur des faits, réputations et rumeurs bien réels. Ainsi a-t-on pu voir lors de la première chronique le directeur du théâtre raconter comment il aurait mis fin à un rendez-vous avec son autorité de tutelle d’une façon peu diplomatique avant d’aller se réfugier à l’étranger pour continuer la résistance. Ou comment une joute au départ verbale entre des « punks à chiens » et la directrice du Théâtre du soleil aurait abouti à son départ vers un ashram après un passage à l’hôpital. Le plus savoureux étant sans doute l’interview fiction de Raymond Domenech devenu Ministre de la culture des sports et du tourisme, lequel se prononce pour le transhumanisme des sportifs, soldats et artistes ainsi que pour la création d’un « Olympôle Monsanto-Dassault » qui aurait pour rôle d’offrir au public une culture à sa portée...Le public est invité à danser ou chanter et se trouve directement sur la scène, les gradins étant garnis de sculptures végétales. Ce n’est pas du théâtre au sens strict, c’est vrai, mais on aurait tort de se priver d’une telle occasion de s’amuser.
Pierre François
25 avril 2017

Paula Gomez - Théâtre Actu avril 2017
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