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Saturday morning

à onze heure du matin, devant l’entrée du Parc floral. Assis sur le banc, au soleil, sous les platanes aux feuilles vermeilles.
On vient au bois pour faire du sport. Les vêtements que chacun porte annoncent son intention. Les joggers arborent des joggings. Ils ont un casque audio aux oreilles. Un bracelet électronique fluo mesure leur vitesse, les kilomètres parcourus, évaluent leur performance. La joggeuse a le regard clair, lointain, déterminé de celle qu’on ne draguera pas.
Les adeptes de la marche se déplacent en troupeaux de cheveux gris. Leur avancée est scandée par le cliquetis de leurs cannes achetées au Vieux Campeur.
Les tennismen transportent leur raquette dans une sacoche appropriée.
Les cavalières ont les jambes serrées dans leurs culottes de cheval. Une cravache dépasse de leur sac de sport. Les cavaliers -ils sont peu nombreux - n’ont pas de signe distinctifs.
Le samedi, tout le monde est affairé. Le sport, c’est du sérieux. Les trois ados qui se rendent sur les terrains de foot du polygone ne gloussent pas, ni ne se poussent du coude. Ils causent placements, stratégie, et froncent les sourcils car leur discussion est grave, et doit être comprise comme telle par tous.
Les visiteurs du Parc Floral, eux, descendent du bus. Ils viennent en famille. En voilà une. Elle, un bandeau dans les cheveux,  marche, en tenant deux enfants à la main, dont l’un des deux braille. Lui, vêtus en manteau Cyrillus, le visage couvert de sueur marche vite devant, en poussant la poussette.  Il se tourne soudain vers le braillard, la main levée : Oui, oui, deux claques et on retourne tous à la maison, OK ?

Nil me rejoint sur son vélo. Son léger manteau blanc de fourrure  indique qu’elle est venue dans le bois pour se baguenauder, et n’envisage en aucune façon un exploit sportif. Nous découvrons immédiatement le premier théâtre d’aventure à la sortie du Parc Floral. Une volée de marches s’enfonce dans le macadam, de la taille d’une bouche de métro environ. Il s’arête immédiatement, clôt par un mur de parpaing couvert d’un graphe bleu. Les spectateurs peuvent s’asseoir sur les marches. Il y a juste la place pour qu’un interprète se campe aux pieds du mur.

Le but de notre promenade, c’est l’arbre à palabre. Nil l’a repéré depuis longtemps. C’est un banc circulaire qui entoure le tronc d’un chêne. Une bande de pépés et de mémés s’y retrouve quotidiennement. Il est sur la route circulaire, autour du lac des Minimes, facile à trouver car au croisement de plusieurs chemins. À une dizaine de mètres, une fontaine crache son eau potable si on se donne la peine d’en faire tourner la manivelle.
Mais ce matin, pas de pépés ni de mémés. Peut-être fait-il trop froid. Un homme avec ses enfants. Le jeu des enfants, c’est de faire le tour de l’arbre en marchant sur le banc, les bras écartés.
Après, c’est l’heure du rosbif et de la sieste.