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Presse Tu oublieras aussi Henriette

J.P Thibaudat, Véronique Hotte, Martine Silber, Christine Friedel, Cathia Engelbach, Marie-Jo Sirach


Nouvel Observateur/rue 89/8 octobre 2014

J.-P. Thibaudat

Exclusif Revue Eclair : Clara, l’amour caché de Casanova

Dans l’écriture fantasque de sa vie amoureuse et voyageuse sous forme de ponctuations scéniques, Stéphane Olry se devait tôt ou tard de croiser « Histoire de ma vie » de Casanova et s’identifier à ce dernier, lequel se faisait passer pour le chevalier de Seingalt.

Unir la vie de Casanova à celle d’Olry

Résulte de ce chassé-croisé une nouvelle régalade cosignée par Stéphane Olry (auteur et acteur), Corine Miret (danseuse et actrice) et Jean-Christophe Marti (musicien et acteur), les trois piliers fondateurs de La Revue Eclair. Revue qui ne se feuillette pas (quoique) mais fonctionne par juxtapositions comme une revue de music-hall – cependant sans le souci d’une efficace rapidité (la nonchalance étant plutôt la vitesse de croisière du trio). Le mot Eclair y tient plus de la célèbre fermeture qui réunit deux pans (vêtements ou vie) jusqu’alors séparés, lesquels, sans elle, ne pourraient pas s’imbriquer l’un dans l’autre.

C’est précisément le cas ici entre d’un côté la vie de Casanova et de l’autre celle d’Olry, une autoproclamée fantasmagorie titrée « Tu oublieras aussi Henriette ».

Ces mots, la dite et mystérieuse Henriette, dont l’identité incertaine excite toujours les casanovistes échevelés, les écrivit sur un miroir dans un hôtel de Genève avant d’aller retrouver sa famille à Aix-en-Provence, mettant fin à une fugue durable qui lui fera arpenter l’Italie, rencontrer Casanova et lui lancer un irrésistible « Venez à Parme » qui ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd.

La rousse Henriette et la blonde Elise

Clara est à l’auteur Olry ce que Henriette fut à Casanova, un grand amour périssable. Il la rencontre à une terrasse de café parisien. Clara qui vit dans un 27 m2, est serveuse le midi et le soir dans un restaurant, elle vient lire « Ulysse » de Joyce chaque matin à la terrasse du café où, depuis des lustres, Olry vient écrire ses pièces.

La rousse Henriette jouait du violoncelle ; Elise Chavin, l’actrice qui interprète le rôle de Clara, est blonde et plus encore chanteuse. Elle porte une chaste robe mais tient des propos qui surprennent sa tenue.

Entre Clara et Olry s’installe un jeu « old style » : pas de numéros de téléphone ni d’e-mails échangés, mais des cartes postales. C’est ainsi que Clara donne rendez-vous à Venise à Olry, ville chère à Casanova, ça tombe bien puisque l’auteur qu’est Olry prétend écrire un opéra sur l’auteur de « Histoire de ma vie », tout en tenant par ailleurs un journal intime.

Olry jouant les Casanova s’assoit à la terrasse de café, parle à Clara, l’auteur finira pas mettre Henriette entre parenthèse voire à l’oublier comme le titre l’indique, pour se laisser subjuguer par l’imprévisible Clara.

Un feuilleton où tout est « non pareil »

Bref, cher riverain, tu l’auras compris, on perd rapidement les pédales. Ce n’est pas un défaut mais une habitude de La Revue Eclair qui aime égarer le spectateur pour mieux le cueillir.

Olry annexe (jusqu’aux bagouzes) le rôle de Casanova mais il garde sous le coude celui de l’auteur qu’il partage cependant avec le musicien Jean-Christophe Marti lequel joue live du piano « non pareil », fruit de son invention (il n’y a pas que le pianiste qui joue debout, le piano aussi).

Comme à son habitude, Corine Miret, en danseuse masquée et délurée, joue les mouches du coche.

La Revue Eclair est une aventure et même un feuilleton (plusieurs fois ici chroniqué) où tout est « non pareil », où le tout forme cependant une écriture aussi imparable que reconnaissable, une façon unique de jardiner la scène.

http://blogs.rue89.nouvelobs.com/balagan/2014/10/08/exclusif-revue-eclair-clara-lamour-cache-de-casanova-233617

 

Véronique Hotte www.Hottellotheatre- 14 octobre 2014

Tu oublieras aussi Henriette, titre de la fantasmagorie de Corine Miret, Jean-Christophe Marti et Stéphane Olry, est le rappel d’une clause implicite dans le contrat de la rencontre libertine. Pour Chantal Thomas qui s’est penchée sur les Mémoires de Casanova, « l’oubli libertin est une licence provisoire que l’on accorde à soi-même et à autrui pour multiplier la chance des rencontres. »

Le lieu de Venise par exemple, a à voir avec la problématique de l’oubli, ville où le libertin danse, parle et fait l’amour. L’homme de plaisir conduit le lecteur dans une rêverie nostalgique, que l’auteur Stéphane Olry rattrape au vol pour la scène, jouant de la magie verbale de « Venise », de « théâtre » et d’« immoralité ».

L’Auteur – Stéphane Olry, dans la vie – est interprété sur le plateau de théâtre par le musicien Jean-Christophe Marti qui converse avec une voisine de la terrasse du café où il se rend le matin pour écrire ; il prépare un opéra sur un amour de Casanova

Cet amour au féminin de la figure légendaire libertine est Henriette, une aristocrate aixoise rencontrée alors qu’elle venait de fuir sa famille, déguisée en homme.

Pour l’immédiat présent de l’Auteur, l’inconnue du café se nomme Clara, travaille dans la restauration, vit dans un 27 m3 et lit Joyce le matin. Le spectacle singulier entrelace alternativement les deux histoires, celle de Casanova et d’Henriette d’un côté, et celle de l’Auteur et de Clara, de l’autre.

Le personnage littéraire et mythique de Casanova est porté par le facétieux Stéphane Olry, bagues aux doigts et robe chamarrée d’intérieur à l’orientale.

Quant à l’art de la danse, Corine Miret est à son affaire, évoluant avec son charme bien à elle dans des partitions de danse baroque qu’elle affectionne particulièrement.

Dans l’espace chorégraphique, l’interprète écrit des impromptus, des incursions brutales et muettes au sein d’un flux de paroles, celles de Clara et des divers personnages des Mémoires de Casanova – dont Henriette que la danseuse incarne -, personnages qui à eux seuls sont des fantômes féminins véhéments et mystérieux. Ces silhouettes dansantes et évanescentes font penser à de jolies poupées mécaniques anciennes, portant perruques modernes façon Barbie ou bien perruques poudrées d’Ancien Régime. Ces apparitions sont vêtues de robes sommaires ou bien extravagantes, les costumes de La Bourette que rehausse encore le port de masques façonnés minutieusement. Après chaque prestation, Corine Miret lève le masque vénitien, rejoignant à vue sa caverne d’Ali Baba, son vestiaire de lumières et d’artifices : « le vêtement est désiré pour son brillant et pour son vaporeux. Aussi importantes que les pierres, ce sont les plumes et les dentelles qui font la beauté d’une toilette. » (Chantal Thomas) L’esprit du XVIII è est intensément présent.

Sur la scène, à jardin, se tient majestueux et pourtant comme éventré, un piano « nonpareil » dont le musicien et acteur Jean-Christophe Marti joue avec foi. L’instrument inventé tient lieu d’orchestre pour l’interprète, un piano droit ordinaire, surélevé et dépouillé de ses parements, une disposition originale qui permet un accès manuel à toutes les cordes et tous les corps sonores de sa structure. Tout l’esprit du spectacle et de la compagnie de la Revue Éclair est contenu dans cet objet singulier car le jeu sur le piano « nonpareil » ouvre une gamme riche de timbres inattendus, de l’extrême douceur à des percussions fracassantes, s’amusant encore avec la voix de Elise Chauvin – sur la scène, le personnage énigmatique de Clara, la femme aimée de l’Auteur -, une artiste soprano colorature connaissant le classique musical comme le contemporain expérimental.

C’est dire si tout le monde s’amuse. Clara converse ou chante quand bon lui semble car c’est elle qui peu à peu prend le pas et fait disparaître le rêve revisité d’Henriette.

Ainsi, beaucoup de figures s’entrecroisent, Henriette elle-même grâce à Corine Miret qui évoque ses aventures de femme libérée, passant des amours masculines à d’autres féminines ; Casanova se tient là, son sourire en coin ; l’Auteur aussi qui évoque son expérience du monde à travers l’écriture et Clara enfin, qui sait ce qu’elle veut. Quant à l’Auteur, quant à Casanova, ils répètent à l’envi :

« J’ai aimé les femmes à la folie, mais je leur ai toujours préféré ma liberté… »

Nous avons bien aimé de notre côté cette fantasmagorie amusée et amusante.

Véronique Hotte

 

Médiapart - Martine Silber - 16 octobre 2014

D'abord, il y a l'auteur. Un homme qui chaque matin s'assoit à la même terrasse de café pour écrire.Ensuite, il y a une jeune femme rousse qui s'installe aussi chaque matin pour boire son café à la même terrasse. Elle, n'écrit pas, elle lit.

Elle s'appelle Clara et est serveuse, dans deux restaurants, l'un à midi, l'autre le soir. Elle vit dans une chambre de vingt-sept mètres cube mais elle ne dit pas où. L'auteur et elle, quand ils ne discutent pas à leur terrasse de café ne communiquent que par cartes postales qui leur permettent de se donner rendez-vous, Des rendez-vous qui les emmènent ailleurs et même jusqu'à Venise, le temps des quatre saisons.

Et elle chante. Inopinément, elle chante. Est-ce Clara qui chante ou son interprète (Elise Chauvin)

Parce que ça se déglingue, bien sûr.

Parce que l'auteur qui n'est pas l'auteur mais un personnage joué par un comédien (Jean-Christophe Marti) qui est aussi musicien et joue du "piano non pareil", écrit un opéra.

Il s'inspire de L'Histoire de ma vie de Jacques Casanova de Seingalt qui raconte dans ce livre sa rencontre brève mais inoubliable avec Henriette, son plus grand amour. Une femme de grande famille, rencontrée à Césène, alors qu'elle venait de s'enfuir d'Aix pour fuir sa famille, déguisée en militaire.

Et qui ne s'appelait pas Henriette. On ne sait pas grand chose d'elle et même les Casanoviens s'interrogent.

Casanova lui-même, joué par l'auteur, le vrai (Stéphane Olry), vient discuter parfois à cette terrasse de café avec l'auteur, le musicien, l'auteur de l'opéra, le comédien, le personnage. Cela peut paraître un peu compliqué mais il n'en est rien . Et on ne risque pas de les confondre car Casanova est en peignoir d'intérieur comme il se doit. Et il porte des bagues gigantesques. Et une toque.

D'autres personnages interviennent. Henriette (Corine Miret) bien sûr mais aussi des figures masquées, figures de rêve ou de cauchemar, qui dansent, virevoltent, tantôt mutines, tantôt effrayantes, tantôt amusantes.Des masques qui surgissent, se mêlent aux personnages, se déguisent presque à vue et disparaissent comme ils sont venus.

 Et il y en a d'autres encore (Frédéric Baron): une dame de compagnie d'Henriette, une serveuse du café du genre bougon, Monsieur d'Antoine, sinistre personnage et même un récitant qui lit le journal de l'auteur qui au fur et à mesure y consacre plus de temps qu'à son opéra . Mais peut-être s'agit-il de la même chose? 

Car l''auteur, le vrai, enfin, le vrai de vrai, précise qu'il s'agit d'une fantasmagorie, une histoire de fantômes et d'opéra.

Un air de folie tranquille s'est emparé du plateau et de la salle qui sourit, s'amuse, se laisse emporter par cet imaginaire non pareil, s'étonne ou ne s'étonne plus de rien.

 

Le théâtre du blog - Christine Friedel - 14 octobre, 2014

L’oubli comme souvenir : selon Casanova, qui raconte bien, invente un peu, et ne se soucie pas que ses amies de rencontre mentent, elles aussi, ce sont les mots qu’aurait gravés de la pointe de son diamant, une mystérieuse aristocrate aixoise, après leur rencontre. Tu m’oublieras : comme si la supposée Henriette se plaçait dans la légende de Casanova en s’effaçant de sa vie.
Aventure très romanesque: elle quitte son mari, un « monstre » (on la croit, à écouter ce qu’en dit le mémorialiste), se déguise en officier et s’enfuit avec un amant, puis est sauvée des supposées griffes du séducteur escroc et ramenée vers les siens par un intermédiaire discret et raisonnable. Il y avait là de quoi faire : Rome, Venise, Parme, Genève, au grand galop…


Mais ce n’est pas là que Stéphane Olry s’est laissé conduire. Écrivant tous les jours à la terrasse d’un même café, il y sympathise avec une autre habituée, Clara, qui se présente comme serveuse et qui lit Céline, le matin. Ils se donnent rendez-vous dans d’autres cafés, mais ne s’échangent ni numéro de téléphone ni adresse électronique. Un nouveau roman s’écrit, qui, peu à peu, envahit l’autre et prend sa place. De cette double histoire, est né un micro-opéra au charme presque naïf, en « ligne claire ». Le personnage de l’auteur est joué par le musicien Jean-Christophe Marti (et son piano « non pareil » en direct), et celui de Clara par la chanteuse Elise Chauvin.


Et c’est beau : le lyrisme n’a pas besoin de la belle phrase du XVIIIe siècle ni des masques vénitiens dorés que l’on devine dans l’ombre, il s’épanouit au bord du trottoir. Stéphane Olry promène un Casanova souriant et désabusé, en robe de chambre, qui jette le regard bienveillant du premier sur ce que, lui, est en train d’écrire et du second sur ce qu’il a profondément inspiré : « Voilà les plus beaux moments de ma vie. Ces rencontres imprévues, inattendues, tout à fait fortuites, dues au pur hasard et d’autant plus chères qu’elles ne sont dues qu’au hasard ».
Un quatrième larron vient jouer, en homme ou en femme –transformations à vue bien logiques dans ce monde de fantasmagorie- la confidente ou le raisonneur : « L’histoire de Casanova et d’Henriette, c’est moi qui l’ai écrite, puisque c’est moi qui en ai inscrit le point final ».


Mais ce qui fait de ce montage, de ce glissement d’histoires, un véritable opéra, c’est la danse de Corine Miret. Franchement contemporaine, et appuyée, si l’on ose dire, vu sa légèreté, sur la danse baroque, elle crée un pont aérien au-dessus du temps. Masquée, démasquée, la danseuse se fait aussi comédienne avec une grâce presque inquiétante.
Ensemble, sans la moindre emphase, sans se presser, et avec un humour raffiné, les interprètes, disons, les personnes qui sont sur le plateau, créent une émotion d’une acuité rare.
Christine Friedel

Au théâtre de l’Échangeur jusqu’au 21 octobre, 01 43 62 71 20. Reprise au Théâtre de l’Aquarium et au Centre Culturel André Malraux de Vandœuvre-les-Nancy en avril 2015.
http://theatredublog.unblog.fr/2014/10/14/tu-oublieras-aussi-henriette/

 

Theatrorama - Cathia Engelbach - 16 avril 2015

« Après cet heureux songe, je me suis retrouvé amoureux à la perdition, et cela ne pouvait pas être autrement. » Henriette apparaît dans la mémoire de Casanova semblable à un ange intouchable, aile furtive et légère. Heureux hasard pour un heureux songe. Clara apparaît à l’auteur tous les matins à la terrasse d’un café parisien, dans une danse glissante et les mots d’un chant balbutiant. Naîtra le même amour à quelques siècles de distance, les lignes du visage masqué de la première se confondant à des pages réelles à écrire grâce à la seconde.

L’histoire de l’auteur et de Clara est celle d’une rencontre à plusieurs facettes pour plusieurs lieux et plusieurs temporalités qui se rejoignent. Quelque part au milieu du chapitre de la vie d’un illustre séducteur, entre les ondes d’une eau vénitienne, dans le silence d’un regard et derrière les masques de la création, un récit se tisse, digne d’une « plus belle entrée de théâtre ». Au seuil d’un texte : Casanova rencontrant Henriette à Venise et la décrivant en pleine métamorphose, de son profil masculin à sa pleine féminité. Au seuil d’une rue : un auteur rencontrant Clara à Paris, ses cheveux roux et sa robe bleue, et lui promettant bientôt d’autres rendez-vous par cartes postales échangées.

L’auteur puise en l’histoire de Casanova et Henriette la source d’un opéra qu’il est en train d’écrire, mais partant à leur rencontre, c’est Clara qu’il croise et qu’il découvre, comme s’il la lisait à son tour, mais à travers son chant plutôt qu’à travers la littérature, la fiction et ses îlots de référence mêlés, ses secrets à découvrir et les phrases qu’elle ne prononce jamais entières, arrivant elle-même comme une proposition à dévoiler et remplissant tout l’espace d’une page blanche. Les personnages du texte initial, de la vie de Casanova, tenteront alors de s’immiscer dans l’histoire en train de se jouer, mais ils resteront des incises, à la fois fantômes et matière nourrissant le fantasme et la réalité.

Fantaisie inspiratrice

L’histoire de l’auteur et de Clara est celle d’inspirations continues, de visages qui ôtent leurs masques et de prénoms qui sortent de l’anonymat pour tous se retrouver en un unique lieu : celui du dialogue entre un auteur et une œuvre, entre un homme et la femme dont il est tombé éperdument amoureux. Au moment où il s’agit « d’oublier Henriette », créateur et création viennent s’observer dans un miroir et laissent s’imprimer, « se graver avec un diamant », une autre chair.

Car Clara ne peut naître que de la disparition d’Henriette ; Clara existe car Henriette s’efface. Elle est un solstice, sœur de la Lune, qui apparaît avec les premières neiges. Elle dit n’avoir encore rien vécu et elle s’accroche aux aiguilles qui indiquent midi ou minuit, l’heure à laquelle tout commence. Elle se fond ainsi aux mouvements et aux accents de ce nouveau chapitre, danse sur une piste qu’un personnage de Casanova balaie comme pour assainir une nouvelle page, répond aux notes martelées d’un piano qui s’accorde et se désaccorde, éclipse par sa seule présence tous les autres qui tentent de reprendre leur place dans les lignes.

Si la mélancolie et la folie de Clara ressemblent tant à celles d’Henriette, c’est pour permettre cette « plus belle entrée » dans le théâtre qui demeure le lieu d’une « fantasmagorie » voulue par Stéphane Olry. Il s’agit de retrouver le temps grâce à l’art, et les mots et les gestes pour signifier ce temps. L’horloge encadrant son opéra a pour trotteuse le dessin d’une autre qui raconte l’histoire d’un amour universel, et qui a pour moteur et origine le visage unique de la femme aimée.

http://www.theatrorama.com/2015/04/henriette-en-son-songe-heureux/

 

L'Humanité-Marie-Jo Sirach- Lundi, 13 Avril, 2015

À la terrasse d’un café, un Homme, une Femme. Regards croisés, rapprochement, premiers échanges.

À la terrasse d’un café, un Homme, une Femme. Regards croisés, rapprochement, premiers échanges. Tout cela à l’ombre de Casanova sur lequel l’Homme, auteur de son état, écrit un opéra. Dialogues inachevés, comme en points de suspension, des fantômes passent, s’invitent, se dévoilent. Henriette, si l’on en croit Casanova, fut son seul et unique amour. Chacun donne sa version des faits. La liberté d’alors n’a d’égale que le désespoir bégayant et silencieux des amours contemporaines. La Femme fait preuve d’une indécision constante face à la vie. Le seul choix qu’elle parviendra à assumer étant son basculement dans ce qu’on nomme aujourd’hui la précarité, dernier refuge pour ceux qui se sentent désarmés face au monde. Jeux de masques et du hasard, la revue Éclair présente une variation intéressante sur l’amour, la liberté, le désir au son d’un piano nu.