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Ch

dossier Hic sunt leones + ch(ose)

mais qui s’éveilleroit tout neuf pour lui-même et pour tout ce qui l’environne. (…)

Je me souviens de cet instant plein de joie et de trouble, où je sentis pour la première fois ma singulière existence ;

je ne savois ce que j’étois, où j’étois, d’où je venois. J’ouvris les yeux, quel surcroît de sensation !

Buffon

 

La chorégraphie de Ch(ose) et le texte de Hic sunt leones / là-bas, il y a des lions sont inspirés par le travail que Sandrine Buring et Stéphane Olry ont mené à l’hôpital pour enfants polyhandicapés de La Roche-Guyon.

"Le plus grand moteur de ce projet a été de rendre compte de cette altérité radicale, qu’on peut côtoyer quotidiennement, sans y prêter attention. On traverse le village de La Roche-Guyon sans voir un enfant polyhandicapé. Mais aussi, et sans doute là réside le défi majeur de notre entreprise, d’explorer le trouble et la joie observés dans le commerce entre les enfants, Sandrine et moi. De parcourir par l’écriture du corps pour l’une et du stylo pour l’autre, le voyage effectué en compagnie de ces enfants supposés monstrueux.

Et d'interroger l'institution qui depuis près de deux siècles a nourri, accueilli, fourni du travail à des générations d’habitants des trois villages jouxtant l’hôpital. Il en émerge une histoire de famille, où le village, le château, l’hôpital se mélangent pour former une utopie curieuse."

Stéphane Olry

Sandrine Buring (danseuse)

s'est présentée devant chaque enfant avec la plus grande disponibilité, a exploré par le biais de la danse cet entre-deux du contact entre les corps où frémit la rencontre.

Stéphane Olry (auteur)

a assisté à ces séances.

Tous les deux

ont interviewé des soignants.

 

 

 
 

hic_sunt_excerpt_img_3706poursite.jpg(photo Meggie Schneider)

 

Travail
"Sandrine et moi avons partagé les mêmes instants, les mêmes lieux, les mêmes rencontres. Pour autant, à l’évidence, ces expériences ne sont en rien semblables, et nous n'avons pas souhaité les fondre dans un nous de majesté qui présiderait à la narration de l’expérience. Nous avons donc décidé d’accentuer radicalement la subjectivité de l’un et de l’autre et de ne pas travailler ensemble à une écriture commune. Cette idée nous a d’emblée été soufflée par Laurent Goldring (plasticien, philosophe, ici dramaturge) à qui nous avons demandé d’accompagner le projet de son regard. Il disait que sur un sujet délicat comme celui-là, il importe avant tout de se garder de la politesse.

Ni le texte ni le mouvement ne sont décalqués de la réalité, mais plutôt tissés dans le rêve de l’expérience, dans sa fantasmagorie. À partir d’une pauvreté volontaire de moyens, un corps contraint, des voix sans amplification, nous essayons de donner une amplitude maximale à un événement discret, une grimace du visage par exemple, ou une phrase échappée lors d’un entretien.
Et de partager avec les spectateurs la perte de repères à laquelle nous sommes confrontés face aux enfants, le trouble qui en résulte et les découvertes qui en surgissent.
"
Stéphane Olry


Ainsi, à l’issue du travail deux spectacles ont été produits :

un solo de danse, Ch(ose), chorégraphié et dansé par Sandrine Buring.
un récit Hic sunt leones / là-bas, il y a des lions, écrit par Stéphane Olry, porté par deux voix.



Ces deux écritures distinctes – celle des mots et celle du corps – sont appelées à coopérer, à se heurter, à s’enrichir mutuellement.
Ces deux spectacles autonomes, peuvent être présentés séparément, à la suite, ou à côté l'un de l'autre.



Ch(ose)
Seule, nue, sous une grande éprouvette de verre, la danseuse présente le sentier intime tracé en elle par sa rencontre avec des enfants d’une extrême vulnérabilité, privés de parole et de mouvement.
chorégraphie et interprétation, Sandrine Buring

avec la contribution de Laurent Goldring
lumière, Sylvie Garot
chose1poursite.jpg(photo Yves Flatard) durée : 25 minutes
coproduction
La Revue Éclair
Château de La Roche-Guyon
coréalisation
Théâtre de l'Aquarium
avec l'aide à la création du Centre National du Théâtre
avec le soutien de
L’hôpital de La Roche-Guyon
Centre National de la Danse
La Revue Eclair est conventionnée par la DRAC Ile de-France - Ministère de la culture et de la communication et par la Région Ile-de-France

Hic sunt leones
là-bas, il y a des lions

Dans une pièce emplie de brouillard, les spectateurs ont été guidés jusqu'à leur place. Assis en cercle autour d'un espace vide, ils perçoivent les voix qui leur parviennent de l'extérieur du cercle.
Une voix raconte : l'histoire d'une femme – une danseuse – qui arrive pour sa première journée de travail aux Hospices, une institution qui accueille des enfants énigmatiques, confinés dans l’immobilité du silence.
L'autre voix, râle, hoquète, crie, intervient en contrepoint de la narration, sons énigmatiques et mystérieux.



texte et mise en scène, Stéphane Olry
avec la contribution de Laurent Goldring
lumière, Sylvie Garot
hic_sunt_d_filtre_kl_img_3730poursite.jpg.jpg(photo Meggie Schneider)


interprétation
Corine Miret (narration)
Isabelle Duthoit ou Pascale Labbé (chant / en alternance)

durée : 1 heure

coproduction
La Revue Éclair
Château de La Roche-Guyon
coréalisation
Théâtre de l'Aquarium
avec l'aide à la création du Centre National du Théâtre
avec le soutien de
L’hôpital de La Roche-Guyon
CNES La Chartreuse de Villeneuve lez Avignon
La Revue Eclair est conventionnée par la DRAC Ile de-France - Ministère de la culture et de la communication et par la Région Ile-de-France

Parcours artistiques
Sandrine Buring
Née dans le charbon.

Gymnastique, football, barmaid, fleuriste, assistante vétérinaire…

A 28 ans l’école d’orthophonie.

A 30 la danse.

A tâtons des cours de modern-jazz, classique, contemporain, avant de rencontrer la danse-contact et la composition instantanée via Kirstie Simson, Mark Tompkins, Joao Fiadeiro, Julyen Hamilton, Vera Mantero.

La scène avec les compagnies SiPeuCirque, les Filles d’Aplomb, Felix Rückert, puis la Cie El Hakawati pour un vaste projet théâtre, danse et musique qui m’emmena jusqu’en Palestine pour atterrir à Paris.

Les performances  in situ avec le collectif d’artistes Artémia  par des symposiums dans les marais salants de Guérande (vaste creuset d’échanges interdisciplinaires)

A travers les pratiques somatiques, soit le body mind centering (Vera Orlock) et le mouvement sensoriel Danis Bois (Martha Rodezno), la direction du travail se précise : ma fascination pour le corps, sa matérialité, son fonctionnement, le rapport fractal du vivant et son intelligence.

Commence alors, en parallèle à la collaboration d’avec des compagnies de théâtre (TGV-Véronique Petit, La Revue Eclair-Olry et Miret,  Mandrake-Toméo Verges), un travail de recherche et d’écriture de soli :

"je ne parlerai pas" depuis l’expérience du travail de modèle en collaboration avec Stéphane Olry,

"glück auf " matière corps sur matière charbon en collaboration avec Laurent Goldring

Et actuellement "ch(ose)" en résonnance au travail d’atelier avec les enfants polyhandicapés.

 

Stéphane Olry

Autodidacte, il fonde à 18 ans, dans les années 80, la Compagnie Extincteur. Il écrit alors et met en scène des spectacles joués en France (Espace Pierre Cardin, Usine Pali-Kao, Théâtre de la Bastille, Théâtre des Bouffes du Nord) et à l'étranger. Il travaille parallèlement comme pigiste aux pages culturelles du journal Le Monde. Il participe aussi à l'organisation des spectacles à l'Usine Pali-kao, lieu alternatif et expérimental.
Il fonde en 1987 La Revue Éclair et organise des soirées de spectacles de formes brèves (Ménagerie de Verre, Crédac, galerie Emmanuel Perrotin). Il tourne alors de nombreuses vidéos de création, présentées dans des galeries, des centres d'art contemporain, des festivals.
Il joue pour la première fois comme comédien en 1992 avec Jean-Marie Patte dans L'enfant bâtard écrit et mis en scène par Bruno Bayen au Théâtre National de l'Odéon.
Il suit depuis dix ans la formation de clown de Michel Dallaire.
Avec Corine Miret, il écrit et met en scène depuis 1998 des spectacles nourris par un travail documentaire mené soit dans des archives, soit par des enquêtes sur le terrain ou encore par des pratiques de vie singulières.

Laurent Goldring
Études de philosophie (École Normale Supérieure et Paris I Sorbonne) puis (courte) carrière de professeur de la même matière. Ensuite, la philosophie reste au centre, à la recherche de nouvelles formes pour une archéologie de l’image. Avec des résultats de trois sortes :
- D’abord un cycle de conférences, Lectures Intitrées commencé en 1996 à Berlin et Utrecht, puis Lisbonne, Rennes, Berlin, Bruxelles, Paris, Montréal, Lyon et Montpellier, à l’occasion d’événements ou d’expositions.
- Ces conférences sont couplées avec un cycle d’articles intitulés Hypothèses depuis 2004, le premier dans Ligeia, le dernier dans Mouvement (2008).
- Mais le plus important est sans doute le travail d’image qui essaye de faire sa propre archéologie en image, à partir de formes photographiques dominantes comme le nu, le portrait, ou le paysage.
Ce qui s’est concrétisé par des expositions vidéos de nus en boucle, à la frontière entre photo et cinéma les plus importantes à Anvers (Laboratorium 2000), Bruxelles (Kunstfestivaldesarts 2000), Paris (Centre Pompidou 2002), à Lisbonne (Fondation Gulbenkian 2002), à Barcelone (LOOP 2006), Vienne (Wien Modern 2006), Luxembourg (Mois Européen de la Photo 2009) et des expositions de portraits à la Fondation Cartier (2007), à la Filature à Mulhouse, à Montréal, à Riocenacontemporânea à Rio, et à la Villette avec l’Ensemble Intercontemporain (2006).
L’archéologie de l’image a été aussi une archéologie des rapports à la caméra et des façons de filmer. Par exemple, Sandring Buring (Glucke Auf, 2009), Isabelle Schad (Unturtled, 2008), Louise Lecavallier, Benoît Lachambre et Hahn Row (Is You Me, 2008), Germana Civera (Figures, 2006), Bernhard Lang (DW2, 2006), Saskia Holbling (RRR, 2001 et Other Feature, 2002), Donata d’Urso, (Pezzo O Uno, 1999 et Due, 2002), Jean-Michel Rabeux (Les Enfers, Carnaval, 1999), Benoît Lachambre (L'Âne et la Bouche, 1997-1998), Xavier Le Roy (Blut et Boredom, 1996 ; Self Unfinished, 1998).

Corine Miret
Docteur en pharmacie, danseuse (danse contemporaine et baroque), comédienne.
Elle codirige avec Stéphane Olry La Revue Éclair. Elle a mis en scène Treize semaines de vertu, de Stéphane Olry, créé au Château de la Roche-Guyon en 2006 et repris aux Archives Nationales dans le cadre du Festival d'Automne 2007.
Comme chorégraphe, elle a été titulaire d'une bourse d'écriture de la Fondation Beaumarchais pour la création de son solo de danse, Eniroc Terim, au Théâtre de l'Échangeur et au festival 100DessusDessous (Parc de la Villette).
Danseuse, elle a travaillé avec Jean-Michel Agius, Christian Bourigault, Isabelle Cavoit, Andy Degroat, Francine Lancelot, Marie-Geneviève Massé, Béatrice Massin, François Raffinot, Ana Yepes.
Entre 1992 et 1999, elle a réalisé et interprété avec Stéphane Olry les Cartes postales vidéo, tournées en Égypte, Jordanie, Palestine, Israël, Chypre, Liban, Syrie, Turquie, Maroc, Allemagne et montrées dans des festivals et dans des galeries d'art contemporain.
Elle a organisé de 1995 à 2007 Les Thés Vidéos en collaboration avec Stéphane Olry.

Isabelle Duthoit

De formation classique, Isabelle Duthoit s’oriente très tôt vers les musiques d’aujourd’hui en travaillant avec différents ensembles et compositeurs. Elle trouve son terrain de prédilection dans l’univers de l’improvisation libre et mène des projets avec Triolid, J.Demierre, J. Di Donato, F.Hautzinger, Six, avec Sol puis avec Bouge (Luc Ex et Johannes Bauer), avec Hiatus (ensemble expérimental d’improvisation et d’écriture musicale), avec le Trio Canapé (projet photo-phonographique). Étant depuis toujours attirée par la voix, elle a développé seule une technique de chant singulier, un langage avant le langage. Elle a chanté dans un groupe rock expérimental Fogo ; chante et improvise en solo et en duo avec Phil Minton. En 2008, elle est résidente à la villa Kujoyama à Kyoto (Japon) pour réaliser une performance vocale en solo en lien avec le monde sonore du théâtre Nô et Bunraku. Elle travaille le rapport entre musique et texte avec la Cie Lazaro. De 1995 à 2005, elle s’engage pour la création et les musiques improvisées en créant le festival Fruits de Mhère les champs de l’improvisation avec Jacques Di Donato. Depuis 1997, elle enseigne la clarinette et l’improvisation au Conservatoire à Rayonnement Départemental d’Evry (Essonne).

Pascale Labbé
Chanteuse, improvisatrice, compositrice, co-fondatrice avec Jean Morières du label Nûba.
Au début des années 1980, elle a choisi de développer un discours musical personnel à l’instar des vocalistes singulières telles qu’Annick Nozati ou Meredith Monk.
Du folk, elle garde un sens de la simplicité et une humeur « écologique » ; du jazz, son sens de l’harmonie et de l’oreille ; de la musique classique, sa solide technique de placement vocal ; de la musique contemporaine, sa modernité et son sens de l’audace.
L’essentiel reste cependant son désir insatiable de faire sens, de transmettre à travers ses cris, ses chuchotements, ou ses mélodies improvisés un message né des domaines de l’ultrasensible, de l’intemporel, du médiumnique.
Tantôt dada, tantôt sorcière, tantôt petite fille fragile ou en colère, tantôt cantatrice éclatante, Pascale Labbé nous transmet une essentialité nourrie d’un regard critique et humoristique sur le monde.