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Dossier les Arpenteurs

En 1792, deux astronomes de la toute jeune république française sont envoyés sur le méridien de Paris : l’un part de Dunkerque, l’autre de Barcelone, à charge de se retrouver à mi-chemin et de définir, selon un calcul savant, le mètre universel ! Sauf qu’ils ne se retrouveront jamais (la route réelle étant autrement plus compliquée que la ligne droite tracée sur la carte !) et que le mètre-étalon se révélera être faux…


Du 14 juillet 2009 au 31 janvier 2011, Stéphane Olry et Corine Miret invitent six personnes (comédien, mathématicien, promeneur professionnel, metteur en scène, architecte, compositeur) à marcher sur un tronçon du même méridien, chacun s’étant choisi une consigne – tels des chevaliers de la Table Ronde : l’un n’a marché que la nuit, un autre s’est invité à chaque étape chez un(e) ami(e) ou ami(e) d’ami(e), le suivant a cherché à rencontrer sur sa route les immigrés provenant d’autres pays traversés par le même méridien (Espagne, Algérie, Mali, Bénin), etc. Le seul point commun : coller autant que possible au méridien, et faire sien l’imprévu… Ils ont ainsi traversé des lieux étranges, croisé des gens étonnants, buté sur mille obstacles, connu autant d’aventures.


En 2011, Stéphane Olry s’inspire des comptes-rendus de ces arpenteurs (écrits, filmés, enregistrés…) pour imaginer un spectacle rêveur et joueur, inspiré de leurs péripéties et de celles des géomètres révolutionnaires : une nouvelle aventure à vivre en direct sur le plateau de l’Aquarium ; comme un hymne à l’imprévu et aux chemins de traverse, pour découvrir autrement le monde et ceux qui l’habitent.
François Rancillac

 

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Synopsis :

« J’aime savoir que Pierre-François-André Méchain, n

é à Laon en 1744, et Jean-Baptiste-Joseph Delambre, né à Amiens en 1749, se rendirent de Dunkerque à Barcelone à la seule fin de vérifier la longueur que devait avoir le mètre (il paraît même que Méchain se trompa dans ses calculs) » (Georges Perec, Espèce d’espace).

J’ai donc envoyé sept explorateurs arpenter successivement une fraction du méridien de Paris entre

Dunkerque et Barcelone. Les arpenteurs ont été choisis pour leurs singularités et leurs différences : un comédien (Hervé Falloux), un mathématicien (Kenji Lefèvre-Hasegawa), un promeneur professionnel (Hendrik Sturm), un metteur en scène (Nicolas Kerszenbaum), un architecte (Loïc Julienne), un compositeur (Jean-Christophe Marti), un auteur (moi-même). Le long de cette ligne arbitraire, ils sont libres d’inventer chacun leur chemin : l’un marche la nuit, l’autre cherche les étrangers venus de pays traversés par le méridien etc. À son retour, chaque arpenteur présente un compte-rendu de son voyage à l'occasion d'une séance de travail publique. Depuis le départ du premier de ces arpentages en juillet 2009, je tiens le journal de l’organisation de ces voyages, des échos qui me parviennent de leurs péripéties, et aussi de la production du spectacle qui en sera issu. Le 1er juin 2011, le dernier arpenteur de retour, les sept voyageurs se sont rencontrés pour la première fois à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon. Le cercle s'est alors formé et fermé. Le texte du spectacle sera extrait du journal que je tiens depuis trois ans de l’aventure des arpenteurs. Ce journal passe abruptement de descriptions factuelles, aux rêves, à des dialogues entre des personnages de fiction. Le charme de cette forme est qu’elle instaure une continuité dans une réalité discontinue, comme une route sur laquelle on roule fait défiler uniformément des univers différents – usines, maisons, champs, stations-service – sans à-coup.

Stéphane Olry

Comment j'écris pour La Revue Éclair

« Caminante, no hay camino, hay que caminar »

(Vous qui marchez, il n’y a pas de chemin, il n’y a qu’à marcher)

(Inscription dans un cloître de Tolède)

"Corine Miret et Stéphane Olry occupent une place singulière dans la création scénique avec une démarche expérimentale qui trouble les repères entre réel et fiction. Ils explorent la limite entre processus de création et représentation de ce processus, compte-rendu du réel de la fabrication d’un spectacle et élaboration d’une fiction. Qu’il s’agisse de la reconstruction d’une histoire familiale banale à partir d’une collection de cartes postales réelles (Nous avons fait un bon voyage, mais), de la narration d’un projet de création de sa conception aux étapes de sa réalisation (La Vita Alessandrina, avant-projet-définitif), de la gestion sur le plateau de documents divers reçus réellement en héritage par Stéphane Olry de son grand-père (La chambre noire), de l’évocation de la fièvre qui emporte les supporters de Saint-Etienne depuis l’historique match du Mercredi 12 mai 1976, à chaque fois, leurs projets s’inscrivent dans un lieu, une histoire et retracent le parcours qui les a amenés jusqu’aux spectateurs le soir de la représentation. Avec les deux dernières créations de la compagnie, Treize semaines de vertu et Un voyage d’hiver, Stéphane Olry puis Corine Miret se sont donné des objectifs réels et les ont mis en œuvre : expérimenter la méthode conçue par Benjamin Franklin pour devenir vertueux en treize semaines, partir seule dans un village près de Béthune et y occuper la position de l’étrangère. Leurs spectacles sont une traduction poétique de ces expériences."

Clyde Chabot dans THÉÂTRE/PUBLIC n°184

J‘ai monté mes premiers spectacles à dix-sept ans, j’en ai quarante-huit aujourd’hui. Je n’ai pratiqué que cette activité dans ma vie.

Depuis 1992, je codirige La Revue Éclair avec Corine Miret (pharmacienne, danseuse, comédienne). Nous avons inventé un mode de collaboration pour la création de nos spectacles : nous accumulons ensemble le matériau, j'écris seul le texte que nous mettons ensuite en œuvre conjointement.

Nos spectacles sont écrits à partir d’une base documentaire que nous collectons. Il peut s’agir d’archives, d’enquêtes sur le terrain, ou encore de mise en œuvre de nouvelles règles de vie que nous expérimentons nous-mêmes.

Pour chaque spectacle, nous accumulons pendant plusieurs années une masse de textes : archives, transcriptions d’entretiens, témoignages écrits, journal, matériau dont nous seuls avons la maîtrise. Pour écrire Nous avons fait un bon voyage, mais nous avons pendant deux ans lu et collectionné plus de quinze mille cartes postales. J’ai retranscrit plusieurs centaines d’heures de mémos vocaux envoyés par Corine Miret depuis l’Artois pour écrire Un voyage d’hiver.

Nos spectacles sont comme des icebergs, dont nous ne donnons finalement à voir qu’une partie saillante.

Il y a toujours un instant dans l’écriture, où j’ai le sentiment d’être submergé par la masse d’information collectée. Mais c’est sciemment que je me mets dans cette délicate position, car c’est alors qu’à mon sens, je suis engagé dans l’écriture qui devient elle-même une pratique de vie validant le spectacle.

Nous ne sommes pas les spectateurs extérieurs d’un monde que nous décrivons d’un point de vue de sociologues : nous sommes des artistes engagés dans un processus, avec une collectivité dont nous partageons ainsi la vie. C’est à partir de cette maîtrise d’une connaissance qui peut sembler dérisoire ou inutile (devenir les meilleurs experts mondiaux d’un corpus de quinze mille cartes postales / assister à tous les entraînements et matches de l’équipe de l’ASSE / tenir le journal de la marche de sept arpenteurs le long du méridien de Paris) que nous pouvons opérer le pas de côté de la réalité et entraîner les spectateurs dans une fiction crédible.

La Quête

« Rester assis le moins possible ; ne se fier à aucune idée qui ne soit venue en plein air pendant la marche et ne fasse partie de la fête des muscles. Tous les préjugés viennent de l'intestin.

Le cul de plomb, je le répète, c'est le vrai péché contre l'Esprit »

(Friedrich Nietzsche, Ecce Homo)

Le club des sept explorateurs (par ordre d'apparition sur le méridien) :

Nicolas Kerszenbaum (auteur, metteur en scène) est parti le 14 juillet 2009 de Dunkerque. Il a demandé à être logé tous les soirs chez un de ses amis habitant sur le méridien. Ou chez un ami d’ami. Ou ami d’ami d’ami. Il a marché jusqu’à la Loire.

Loïc Julienne (architecte) est demeuré en robinson durant toute la journée du solstice d’été 2010 sur la place de l’Ile de Sein. Sur ce triangle de béton se trouvent : quatre bancs, une dizaine d’arbres, un local en sous-sol de la voirie de Paris et le socle vide de la statue d’Arago (l’inventeur de l’astronomie populaire qui arpenta le méridien entre Barcelone, les îles Baléares et Alger). Le monde diurne a tourné autour de Loïc Julienne, succession de balayeurs, infirmières, religieuses, collégiens, SDF, retraités des Usines Renault, cabalistes, astronomes etc.

Hendrik Sturm (promeneur) a exploré en juillet 2010 un transect de trois kilomètres dans le Val d’Orge entre la maison de retraite russe de Sainte-Geneviève-des-Bois et la Base Aérienne 217, via un tunnel de verdure taillé de ses mains dans les talus de la N104 (la Francilienne), la ZAC de la Croix-Blanche, un puits de pétrole, une synagogue, une école de danse, un hôpital psychiatrique, une cité pour officiers de l’armée, des sous-bois, une décharge publique, un sentier entre les champs de blé.

Hervé Falloux (comédien) est parvenu le 18 juillet 2010 au sommet du méridien culminant à 1130 mètres d’altitude dans la commune de Prats-de-Mollo. Pour cette ascension, il a marché le même nombre d’heures que son père a vécu d’années. Cinquante-deux heures de marche en tenant la main de ce fantôme avant de fêter à son tour ses cinquante-deux ans sur le méridien.

Jean-Christophe Marti (compositeur) a marché les nuits de pleine lune de l’été 2010 dans les forêts de la Creuse et de l’Allier. Il a observé ce qui apparaît dans l’obscurité, les rencontres qu’on y fait, les sons qu’on y entend.

Kenji Lefèvre-Hasegawa (mathématicien, documentariste) est parti en janvier 2011. Il a garé son camping-car sur les places des communes traversées par le méridien. Il a invité des espagnols, algériens, maliens, nigériens, burkinabés, béninois (tous originaires de pays traversés par cette ligne) habitant en France à l’y retrouver. Il leur aura posé ces trois questions :

- Racontez-moi votre première journée en France

- Racontez-moi votre dernière journée en France (qu’avez-vous fait hier ?)

- Qu’est-ce que vous fabriquez ici ?

Stéphane Olry (auteur, metteur en scène) est parti en mai 2011 à Barcelone. Il a mis ses pas dans ceux de l'astronome Pierre Méchain ; il a gravi tous les points de vue autour de Barcelone qui avaient servi à la triangulation et au calcul de la latitude de Barcelone en 1793.

Le cercle et le méridien

Pour ce spectacle, j’ai eu l’idée d'expérimenter un autre mode de travail, non plus en couple ou en duo, mais en cercle. Plusieurs raisons expliquent ce choix. Je n’en retiendrai qu’une. Il me semble que l’individualisation, la dispersion, l’isolement est le plus grand défi comme la pire tentation qui guette chacun d’entre nous aujourd’hui. Nous avons, par nos spectacles, l’ambition politique (peut-être délirante) d’inventer un mode de collaboration, d’échange, de partage qui dépasse le clivage du moi et du nous, de l’individualisme et du collectivisme.

La question que nous posons au travers de nos récents spectacles se résume ainsi : Qu’avons-nous à faire ensemble ?

Pour ce faire, j’ai pris l’initiative d'envoyer les sept arpenteurs explorer ce lieu de mémoire important de l’universalisme qu’est le méridien de Paris.

J’avais appris qu’en 1792, l'Assemblée Constituante avait décidé d'envoyer deux astronomes pour mesurer le méridien de Paris afin d'en déduire la dimension exacte du mètre universel, valable en tout temps, pour tous les peuples. Le projet était alors de mesurer un quart de méridien terrestre, de le diviser par un million, et d’obtenir ainsi la première mesure issue du bien commun de toute l’humanité qu’est la planète que nous habitons. Chaque paysan pourrait se dire en contemplant son champ : je suis propriétaire de telle portion de la Terre. Et non plus : je suis propriétaire d’un terrain mesurant tant de fois la taille du bras de mon roi.

Une première expédition conduite par Méchain partit de Barcelone, une seconde dirigée par Delambre partit de Dunkerque. Les deux savants devaient se retrouver un an plus tard au centre de la France.

L'entreprise connut bien des vicissitudes : émeutes, accidents, erreurs de calcul, falsification des résultats. Le travail des deux arpenteurs dura sept ans. Il produisit un mètre-étalon qui – quoique faux de 0,2 millimètres – est celui que nous utilisons quotidiennement.

Que reste-t-il aujourd’hui de ce rêve d’une mesure universelle ? Deux-cents ans après cette expédition qu’avons-nous à partager ensemble sur ce territoire traversé par le méridien ?

la_mridienne_verte_charcoixpoursite.jpgLe méridien de Paris n'apparaît que sur les cartes du dix-huitième siècle. Il a depuis été remplacé par le méridien de Greenwich. Il constitue à proprement parler une Utopie, un lieu qui n’existe pas. C’est une ligne absolument arbitraire. Elle est rectiligne, elle n’a jamais été formée, déformée, tracée par les pas de millions de marcheurs ou de pèlerins comme l’est tout sentier, comme par exemple celui qui mène à Compostelle.

Cette neutralité de la ligne nous préserve de nos préjugés, de nos préférences comme de nos réticences. En suivant aveuglément cette coupe aléatoire du territoire, on est certain – avec une certitude statistique – de découvrir une réalité qui nous est proche, mais que nos habitudes ou nos goûts ne nous ont jamais amené à rencontrer dans les faits.

Le but des arpentages est de nous astreindre à explorer le monde contemporain tel qu’il est, et non pas tel que nous le rêvons, le souhaitons ou l’attendons. C’est une expérience du présent.

Le méridien de Paris ne s'inscrit pas physiquement. Il est parfois signalé par les panneaux « la méridienne verte » plantés par l’architecte Paul Chemetov pour célébrer le passage à l’an 2000. En revanche, il indique une direction, claire, impérative, précise.

Pour suivre cette ligne, il faut inventer son chemin, avec les aléas que comporte toute invention. L’arpenteur du méridien est sans cesse arrêté dans son mouvement. Il se voit, par exemple, obligé de contourner des lieux, ou demander d’y pénétrer. Il est contraint de s’arrêter et de prendre en considération des objets que les routes ou les sentiers usuels lui permettaient d’éviter.

Apparaît aussi dans ce dialogue entre l’arpenteur et le monde qu’il traverse quelque chose d'unique, et qui me fascine : le rapport singulier de chacun avec l’incident, l’accident, l’inattendu, l’inespéré, l’aventure.

La Table Ronde et le Val d’Orge

Les arpenteurs, tels les chevaliers de la Table Ronde partent au loin vivre leur aventure, chacun avec sa mission.

De retour, chacun raconte son histoire.

C'est l'expérimentation de cette procédure qui nous apprend là où nous en sommes quant aux relations de collaboration, de compagnonnage, de coopération, de subordination, d'invention, d'émulation, d'abandon, de confiance, d’amitié, de fraternité, qui s'établiront ou non entre chaque arpenteur et moi, mais aussi entre les membres du cercle des arpenteurs.

Cette observation des relations de travail est le second terrain d’exploration de notre projet. Ce n’est pas la moindre de mes curiosités, ni la partie la moins sensible du projet.

Puisque table ronde il y a, il fallait l’installer dans un château de Camaloth.

À l’invitation de Dominique Goudal, nous sommes depuis un an en résidence de création au Théâtre Brétigny. Ce théâtre est financé essentiellement par la Communauté d’agglomération du Val d’Orge. Cette agglomération est traversée par le méridien. Nous avons en conséquence décidé de débaptiser le méridien de Paris, pour en faire le méridien du Val d’Orge.

Cette décision, si elle n’est pas dénuée d’ironie, n’a rien d’anecdotique. Il me paraissait essentiel de doter notre exploration d’un centre de gravité qui ne fût pas chargé historiquement comme l’est Paris, qui aurait tiré notre projet vers le passé.

L’espace géographique paradoxal, ambigu, en transformation, construction, démolition, mutation permanente que constitue cette frange urbaine, cette frontière mouvante entre la ville et la campagne me paraît en adéquation avec la matière en quête de laquelle les arpenteurs sont partis. Je ne cherche ni les témoignages historiques, ni les lieux communs sur l’avenir, mais les lieux de basculement, d’accouchement, de travail, de transition, d’invention en actes et non en intentions.

J’ai décidé de faire arpenter avec un soin tout particulier par Hendrik Sturm (arpenteur, promeneur) ce domaine dont je suis le roi Arthur autoproclamé. Corine Miret (collaboratrice, danseuse, comédienne) l'a accompagné.

Depuis janvier 2011, c’est donc non pas autour d’une table ronde, mais autour de la Table Rouge Rectangulaire de l’Édutainer du Centre d’Art Contemporain de Brétigny que se sont réunis les arpenteurs venus présenter publiquement leur compte-rendu de voyage.

Protocole d’écriture

« Néanmoins, tout compensé, et des réserves étant faites pour des distractions plus utiles que jamais, comme le nulla dies sine linea du dicton latin était pratiqué à la lettre, la construction de mon édifice lexicographique procéda avec la continuité qui seule mène à fin les grandes besognes. Les coups de collier intermittents, quelque énergiques qu'ils soient, y valent peu ; ce qui y vaut, c'est l'assiduité qui ne s'interrompt jamais. »

(Emile Littré, Comment j’ai fait mon dictionnaire de la langue française)

L’expérience des arpenteurs est réelle. Leurs comptes-rendus sont autant de documentaires, témoignages sincères et directs de leurs voyages.

Ce que j’écris témoigne d’abord de ma sensibilité à leurs récits. Je suis au centre d’une toile ténue me transmettant les mouvements des émotions remuant les arpenteurs depuis les territoires qu’ils traversent.

Depuis plusieurs mois, je tiens le journal complet de la production et de l’écriture du projet Les Arpenteurs. Je note toutes les aventures petites ou grandes, graves ou dérisoires qui fondent tout projet artistique mais qui, d’ordinaire, constituent la face immergée de l’iceberg : rendez-vous institutionnels, réunions de travail de l’équipe, échanges avec les arpenteurs, avec Corine Miret, etc. Ce journal d’une production est ponctué par le premier jet des textes, monologues, ou dialogues que m’inspirent les récits des arpenteurs.

Je fais parler les routes, les maisons, les arbres, les animaux, les hommes, les femmes et les fantômes. On dit d’un paysage qu’il est éloquent : je lui cède donc la parole. Ainsi en est-il des objets les plus usuels. À l’heure de lire les budgets que m’envoie l’administratrice de La Revue Éclair, je retarde l’instant où il me faudra aborder ce monstre hérissé de chiffres et de doutes. Alors, lorsque j’entends ses mugissements du fond du tiroir, je le sors et lui demande : « Bon, ça suffit, Budget, qu'as-tu à me dire, encore ? »

Je note sans sourciller ses paroles.

Ainsi donc, on passe sans transition de la transcription du discours du responsable de la communication d’une méga-décharge, au dialogue entre l’arpenteur et les mirabelles au pied d’un arbre au bord d’une piste cyclable, aux confidences de la Nationale 20.

Cet animisme résolu, cette confusion organisée entre le réel, la fiction, le rêve ou la fantaisie, cette manière de démocratie directe en écriture où chaque élément est à égalité avec les autres, est une stratégie me permettant, je l’espère, de déjouer les pièges des révérences obligées, des hiérarchies évidentes ou latentes entre les éléments ou les personnes rencontrées le long du chemin.

Se constitue jour après jour une marqueterie de textes brefs témoignant du tremblement de l’immédiat, de l’improvisé, du présent de l’aventure. Ce corpus volontairement disparate me permettra de disposer d’une base de travail pour l’interprétation du spectacle au sens large.

Tous les mois, je fais parvenir une version dactylographiée de ces cahiers à Jean-Christophe Marti (arpenteur, compositeur, dramaturge) qui me tient lieu de premier lecteur. Il rédige un discours en réponse à mes envois, qu’il délivre lors d’une rencontre mensuelle. Nous discutons ensuite. Mon expérience polygraphique assez semblable à celles qui pouvaient rassembler des hommes de lettres ou de sciences du dix-huitième siècle se nourrit de ces échanges.

Avec les interprètes du spectacle, nous avons aussi des rendez-vous durant lesquels ils me lisent des extraits des textes en cours d’écriture. Ces séances me permettent de corriger, adapter, augmenter, supprimer les textes ainsi essayés. Le journal est donc lui aussi en mutation permanente : le présent y précise, exacerbe, pondère, le passé.

sept--la-chartreuse.jpgEn juin 2011, à mon retour de Barcelone sur les traces de Pierre Méchain, un rendez-vous dramaturgique essentiel a eu lieu. Pour la première fois, à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, les sept arpenteurs ont été rassemblés. Nous avons partagé durant ce conclave de trois jours les questions qui nous ont agitées durant nos arpentages respectifs. Le but de ce cénacle était de déterminer les lieux de mémoire sensible de nos voyages : sont-ils singuliers ? partagés ? communs ? partageables entièrement ou partiellement ? Quels sont les montagnes, les rivières, les lacs, les grands axes, les chemins de traverse des paysages imaginaires, émotionnels que nous avons traversés ?

Après le départ des arpenteurs, l’aventure des arpentages sur le méridien était close.

Les artistes ont alors succédé aux explorateurs à La Chartreuse. Avec Jean-Christophe Marti, nous avons élaboré un plan du spectacle, tentant de rendre compte de l’expérience polyphonique que constituent les arpentages. Nous avons expérimenté cette forme d’écriture en contrepoint, où chaque voix autonome apparaît et se fond dans un ensemble choral, avec les interprètes du spectacle lors d’une lecture publique donnée en conclusion de notre résidence.

Ce texte en cours d’écriture se précise depuis lors au fur et à mesure des lectures que j’organise avec les interprètes, afin d’ajuster la partition de chacun à sa voix spécifique.

Nous élaborons pragmatiquement un dispositif de travail permettant aux interprètes de disposer d’un protocole pour naviguer entre textes lus, textes appris, textes improvisés.

S’écrit ainsi un projet polyphonique dont l’écriture est appelée à croître jusqu’à la première.

Une histoire qui se raconte elle-même devant des spectateurs.

La mise en scène

« Le premier droit de l’homme est le droit de vagabonder »

(François Tosquelles)

Le présent dossier ne prétend pas décrire un spectacle en cours d’écriture.

Il espère donner à son lecteur envie de le découvrir un jour.

Voici les lignes de travail que j’indique aujourd’hui verbalement à mes collaborateurs à propos du spectacle à venir.

Le défi de la mise en scène, qui est pour moi d’abord et avant tout la poursuite de l’écriture par d’autres moyens, est d’inventer un dispositif simple permettant aux interprètes de traverser le texte, et d’avoir une juste place dans leur relation avec les spectateurs.

Nous serons cinq sur scène : Corine Miret, Magali Montoya, Jean-Christophe Marti, Pascal Omhovère, et moi même.

Nos statuts sont distincts par rapport au moment d'arrivée dans le projet depuis sa genèse : je suis l’auteur du texte que je lis et le concepteur du projet, Corine Miret a organisé et suivi les voyages des arpenteurs, même accompagné deux d’entre eux. Jean-Christophe-Marti est l’arpenteur qui a marché la nuit et collecté les sons nocturnes. Magali Montoya et Pascal Omhovère sont des comédiens invités à s’emparer du matériau fictionnel qui a émergé depuis trois ans d’écriture.

Nos cinq places d'interprètes, notre travail, tiennent compte de ces rapports distincts à la réalité de l’expérience.

Dans nos précédents spectacles (Treize semaines de vertu, Un voyage d’hiver), nous avons expérimenté le passage de textes lus ou appris à des moments improvisés. Nous poursuivrons pour Les Arpenteurs dans cette voie qui permet d’allier la liberté à la rigueur d’un canevas. Là encore, cette porosité des modes de jeu nous autorise à passer d’un statut à un autre et à jouer avec la singularité de chacun des cinq interprètes.

Le texte passe sans transition de la relation prosaïque, proche d’un compte-rendu, à la narration de rêve, à l’apparition de personnages poétiques : les mirabelles au bord du chemin, la Francilienne (N 104), l’eau, le fantôme du père, à des figures de fantaisie : l’écureuil qu’un arpenteur a fait tomber d'un arbre, le budget du spectacle, un camping-car amoureux éconduit de l’arpenteur qui l’a conduit etc. Le jeu des interprètes est appelé à épouser ces variations brutales, de la narration au jeu, du factuel à la fantaisie en passant par une certaine forme de lyrisme.

Un travail de chœur composé et organisé par Jean-Christophe Marti permettra de rythmer, de scander, ou de suspendre le flot du texte.

Scénographiquement, deux éléments majeurs, constitutifs du travail apparaissent d’ores et déjà : la carte, sous toutes ses formes (routière, d’état-major, imaginaire, cadastrale, d’astreinte, etc.), et l’écriture, polygraphique, protéiforme, proliférante. Dans cet environnement fait de repères, de chemins possibles, de bifurcations, d’informations discrètes ou évidentes, rien n’est figé, établi, si ce n’est la ligne droite du méridien. Tout ce qui apparaît sur le plateau est appelé à s’effacer.

Tout ce qui est représenté est appelé à être transformé. Un travail permanent d’évolution, de construction s’opèrera autour des interprètes ou sera opéré par leur soin. Ce travail est comme une marqueterie sur laquelle l’œil se déplace. La rencontre de la scénographie avec les interprètes est aléatoire, imprévue, comme les découvertes qu’on fait au détour d’un chemin.

Parcours artistiques (par ordre alphabétique)

« A l'araucaria qui étend ses branches dans un patio,

Et qui forme son harmonie sans présenter ses comptes et ne

 fait pas le critique d'art. »

(Henri Michaux, Ecuador)

Émilie Faïf (scénographe)

Emilie Faïf est scénographe plasticienne. Née en 1976, elle est diplômée en scénographie, École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, Paris et titulaire d'un BTS Arts Appliqués, Plasticien de l’environnement architectural, ENSAAMA, Paris.

Elle expérimente l’espace dans des domaines d’intervention divers mêlant le dynamisme des villes à celui de la mode, du textile et de l’art. Parmi ses créations, on compte :

- des scénographies d'espaces intérieurs et des installations de vitrines pour Isabel Marant, l’Atelier des Enfants du Centre Pompidou, le Ministère de la Culture, Hermès, Kenzo Parfums,

- des scénographies d'expositions : exposition inaugurale de Logements sociaux, La Courneuve ; expositions Naturéel, Vert, et Seconde peau, galerie fraîch’attitude, Paris ; espace Enchantez-nous Atelier des Enfants, Centre Pompidou ; exposition Faites un vœu, Forum St Eustache,

- des scénographies urbaines : interventions autour du chantier du Parc Départemental des Cormailles, Ivry-sur-Seine 2002-2006 ; Illuminations pour la fête des lumières, La Croix Rousse, Lyon, 2001,

- des scénographies de spectacles : Le Misanthrope de Molière, mise en scène E. Lewinson, Théâtre Dijon Bourgogne, 2004 ; La chute des anges de Y. Abdelatif, mise en scène E. Lewinson, Amiens, 2001 ; L’école de danse de Goldoni, mise en scène de J. Lassalle, CNSAD, 2000.

Elle réalise également des ateliers pour enfants.

Hervé Falloux (arpenteur, assistant)

Comédien, metteur en scène.

Hervé Falloux est admis à l'ENSATT en 1981, il y étudie l'art dramatique sous la direction de M. Bozonnet, B. Jaques, R. Monot.

Depuis il joue dans une cinquantaine de pièces : Peines d'amour perdus mis en scène Laurent Pelly au Théâtre National de l'Odéon et Le Chant des chants mis en scène par Patrick Haggiag dans le même théâtre, Ubu roi mis en scène par Roland Topor au Théâtre National de Chaillot, B.C.B.G de Jean Bois au TNM la Criée à Marseille et au théâtre de la Madeleine. Il travaille sous la direction de Clotilde Ramondou dans Mars d'après Fritz. Zorn et dans Les Perdrix de Christophe Huysman, sous celle de François Rancillac dans Le Fils de Christian Rullier. Il collabore à quatre spectacles de Stéphane Olry.

Il collabore à la mise en scène de la pièce Le cœur n'est pas moderne de Martine Drai et au spectacle Clients de Clotilde Ramondou joué au Théâtre Paris Villette en avril 2011.

Il met en scène Yo tango solo d'après des textes de S.Belbel.

Loïc Julienne (arpenteur)

Architecte.

Formé à l'école d'architecture de Nanterre, il travaille en parallèle dans les ateliers des architectes Ionel Schein, puis DVW (Damery, Vetter, Weil). Il intègre l'agence de Paul Chemetov et mène en parallèle ses propres projets. Il collabore avec de nombreux plasticiens, dont Jean-Luc Vilmouth (Comme deux tours à Châtellerault, Channel fish à Waterloo station, Londres) et Joseph Kosuth (hommage à Champollion à Figeac) dont il assure la conception technique et la coordination des travaux pour leurs œuvres « in situ ». Il s'associe à partir de 1987 à Patrick Bouchain, avec lequel il réalise notamment le Lieu Unique à Nantes (1999), le Caravansérail de la scène nationale de la Ferme du Buisson (2003), la Condition Publique à Roubaix (2004), le Centre Chorégraphique National de Rillieux la Pape (2005), le Channel à Calais (2005), l'Académie Fratellini à Saint-Denis (2002), l'Académie du spectacle équestre Bartabas à Versailles (2002), l'Ecole Nationale des Arts du Cirque de Rosny sous Bois (2004), la Piscine-Bains douches de Bègles (2006) ou l'école foraine de Saint-Jacques de la Lande (2007). Ils créent en 1999 un atelier qui travaille pour le compte de la Caisse des dépôts et consignations sur le sujet de la Forêt des délaissés.

Nicolas Kerszenbaum (arpenteur)

Auteur, metteur en scène.

Accueilli en résidence à Mains d'Œuvres de 2006 à 2008, il noue depuis 2008 un compagnonnage avec La Revue Éclair.

Il a adapté (ou écrit) et mis en scène :

Et le respect s'étendra devant nous comme un tapis de velours sur lequel nous marcherons pieds nus sans nous blesser d'après l'œuvre de Grisélidis Réal, en 2007, à Mains d'Oeuvres (Saint-Ouen), l'Avant-Rue (Paris), le Pathé Palace (Bruxelles).

Soda, épisodes 1 et 2 de Ismael Jude, Denis Baronnet et Nicolas Kerszenbaum, en 2007, à La Générale (Paris).

Il développe actuellement Chroniques, une série de formes courtes.

Wonderful Life : mise en scène d'un extrait d'American Psycho, de Brett Easton Ellis, présenté en avril 2008 au Festival 360 de Mains d'Œuvres.

Il travaille comme assistant à la mise en scène auprès de Stéphane Olry (Un Voyage d'Hiver, 2008), de Christian Von Treskow (Der Bus, Wuppertal, 2006), d'Irène Bonnaud (Lenz, 2004 et Tracteur, 2003), de Johannes Von Westphalen (Ausschiebung Berlin, 2003), de Peter Sellars (Les Enfants d'Héraclès, 2002).

Kenji Lefèvre-Hasegawa (arpenteur)

Mathématicien, documentariste.

Japonais par sa mère, français par son père, il grandit entre Marminiac, village lotois, et Tokyo. Arrivé à Paris, il étudie pêle-mêle l'histoire de l'Art à l'École du Louvre, les civilisations orientales et surtout les mathématiques, domaine dans lequel il devient docteur puis chercheur à l'Université Pierre et Marie Curie. Il travaille ensuite sur des bateaux en Russie ou exerce le métier d'homme de compagnie à Tokyo. Aujourd'hui, parallèlement à sa collaboration au CNRS dans le domaine mathématique/informatique, il réalise des films documentaires : San'ya - 2005 avec Olivier Nourisson, Saidaiji, Naked Festival - 2007, Les Thés Vidéos et collabore à des projets de théâtre au sein du Collectif B/N 'X=US' festival des Intranquilles - 2004, autour de textes d'art brut (Francis Palanc, Fernidand Hodinos à la Villa Gillet - 2002) ou avec le collectif Comment faire un bloc autour de Joris Lacoste avec qui il apprend l'hypnose.

Jean-Christophe Marti (arpenteur, dramaturge, interprète)

Compositeur.

Formé au Conservatoire de Boulogne-Billancourt (clarinette, musique de chambre, écriture) et au CNSM de Paris (esthétique, histoire), il étudie également la direction d'orchestre pendant plusieurs années auprès de Jean-Claude Hartemann à Paris et au Mozarteum de Salzburg, avant de se consacrer à la composition.

Son goût pour les textes littéraires et dramatiques l'amène alors à écrire de nombreuses œuvres vocales ou scéniques pour Musicatreize, Laurence Equilbey, Les Arts Florissants, Les Cris de Paris, Résonance contemporaine.

Il reçoit le Prix Maurice Ohana-Sacem avec The last words Virginia Woolf wrote pour 12 voix, et est lauréat de la Fondation Natexis ainsi que de la bourse Beaumarchais/SACD pour le projet Miniane/L'été 39.

Il écrit des pièces orchestrales pour l'Orchestre Philharmonique de Halle, Festival Händel 2003, pour l'Orchestre des Jeunes de la Méditerranée et crée des formes dramatiques singulières, telles que ses spectacles musicaux L'album de l'oiseau qui parlait (créé au Musée d'Orsay) et Timsongs (d'après des dessins de Tim Burton, créé à la Cité de la musique).

Il collabore avec les metteurs en scène Jean-Yves Ruf, Vincent Lacoste, Olivier Werner, Eric Ruf, Emilie Valantin, Arthur Nauzyciel, Christian Rist.

De 2001 à 2004, il a été chargé de cours à Sciences-Po Paris sur le thème Temps politique et temps musical.

Il collabore avec les éditions Les Prairies ordinaires en publiant des entretiens avec l’historienne Arlette Farge et l’anthropologue Véronique Nahoum-Grappe.

Corine Miret (collaboratrice artistique, interprète)

Docteur en pharmacie, danseuse (danse contemporaine et baroque), comédienne.

Elle codirige avec Stéphane Olry La Revue Éclair. Elle a mis en scène Treize semaines de vertu, de Stéphane Olry, créé au Château de la Roche-Guyon en 2006 et repris aux Archives Nationales dans le cadre du Festival d'Automne 2007.

Comme chorégraphe, elle a été titulaire d'une bourse d'écriture de la Fondation Beaumarchais pour la création de son solo de danse, Eniroc Terim, au Théâtre de l'Échangeur et au festival 100DessusDessous (Parc de la Villette).

Danseuse, elle a travaillé avec Jean-Michel Agius, Christian Bourigault, Isabelle Cavoit, Andy Degroat, Francine Lancelot, Marie-Geneviève Massé, Béatrice Massin, François Raffinot, Ana Yepes.

Entre 1992 et 1999, elle a réalisé et interprété avec Stéphane Olry les Cartes postales vidéo, tournées en Égypte, Jordanie, Palestine, Israël, Chypre, Liban, Syrie, Turquie, Maroc, Allemagne et montrées dans des festivals et dans des galeries d'art contemporain.

Elle a organisé de 1995 à 2007 Les Thés Vidéos en collaboration avec Stéphane Olry.

Magali Montoya (interprète)

Comédienne, metteur en scène.

Au théâtre elle travaille entre autres avec Alain Ollivier (le Marin de F. Pessoa, Pelléas et Mélisande de M. Maeterlinck), Olga Grumberg (La fête de S. Scimone), Laurence Sendrowicz (Que d’espoir d’après H. Levin), Dominique Lurcel (Nathan le sage de G.E. Lessing, Folies coloniales de D. Lurcel), Gilles Aufray (La Ballade de la femme hérisson de G. Aufray), G. Aufray et R. Herbin (Là d’où je viens de G. Aufray), Hélène Mathon (Tentative d’épuisement d’un lieu parisien de G. Perec), Nicolas Kersenbaum (Et le respect s’étendra devant nous comme un tapis de velours sur lequel nous marcherons sans nous blesser d’après G. Réal), Jean Boillot (Le sang des amis de J-M Piemme, Rien pour Pehuajo de J. Cortazar, le Décaméron de Boccace), Arnaud Churin (L’Ours normand Fernand Léger d’après F. Léger et D. Vallier), David Géry (Britannicus de Racine), Gildas Milin (La troisième vérité de G. Milin), Mehmet Ulussoy (Equateur funambule d’après A. Césaire, l’Alchimiste d’après Rumi), Olivier Py (Réveille toi Roméo de O. Py), Pierre Guillois (Roméo et Juliette de Shakespeare), Jean-Marc Bourg (Don Juan revient de guerre d’O. von Horvath), Jean-Pierre Vincent (Princesse de F. Gallaire). Elle travaille aussi avec Jean-Marie Patte.

Au cinéma, elle tourne avec Gianni Amélio (Le premier homme), Emmanuel Vernières (Quittée), Raoul Ruiz (Vertige de la page blanche), Yves Caumon (Amour d’enfance), Jacques Doillon (Ponette - travail en amont avec les enfants/acteurs), Thomas Vincent (les Mickeys).

Elle co-écrit et met en scène avec la formation cabine d’essayage : life doesn’t make gifts to anyone, but (courant d’art, Poitiers) et Fugue N°1 (scène nationale, Poitiers), une histoire pour Sophie Calle (Paris).

Le 21 décembre 2009 elle crée la compagnie Le Solstice d’Hiver. Le premier spectacle L’Homme-Jasmin d’après Unica Zürn, qu’elle met en scène et joue avec Anne Alvaro, Ulla Baugué, Marilu Bisciglia et Ariane Gardel est créé en mars 2011 à la fonderie au Mans, au théâtre de l’Echangeur à Bagnolet puis au CDN de Dijon.

Stéphane Olry (arpenteur, auteur, metteur en scène, interprète)

Autodidacte, il fonde à 18 ans, dans les années 80, la Compagnie Extincteur. Il écrit alors et met en scène des spectacles joués en France (Espace Pierre Cardin, Usine Pali-Kao, Théâtre de la Bastille, Théâtre des Bouffes du Nord) et à l'étranger. Il travaille parallèlement comme pigiste aux pages culturelles du journal Le Monde. Il participe aussi à l'organisation des spectacles à l'Usine Pali-kao, lieu alternatif et expérimental.

Il fonde en 1987 La Revue Éclair et organise des soirées de spectacles de formes brèves (Ménagerie de Verre, Crédac, galerie Emmanuel Perrotin). Il tourne alors de nombreuses vidéos de création, présentées dans des galeries, des centres d'art contemporain, des festivals.

Il joue pour la première fois comme comédien en 1992 avec Jean-Marie Patte dans L'enfant bâtard écrit et mis en scène par Bruno Bayen au Théâtre National de l'Odéon.

Il suit depuis dix ans la formation de clown de Michel Dallaire.

Avec Corine Miret, il écrit et met en scène depuis 1998 des spectacles nourris par un travail documentaire mené soit dans des archives, soit par des enquêtes sur le terrain ou encore par des pratiques de vie singulières.

Pascal Omhovère (interprète)

Comédien, auteur, metteur en scène.

Après avoir mis en scène à Metz L'Écume des jours de Boris Vian, il a travaillé en tant que comédien, entre autres avec Jean-Louis Wilhelm, Paul Laurent, Bruno Bayen, et très régulièrement avec Noël Casale (Le Théâtre du Commun), Xavier Marchand (Lanicolacheur), Michaël Lonsdale, dont il a été l'assistant, ainsi que comédien, surtout dans les années 80, Valère Novarina (depuis Le Drame de la vie en 1986 : assistant, comédien ou dramaturge sur tous ses spectacles), Jean-Marie Patte (Le Jardin) depuis 1990 : assistant, comédien, compagnon d'aventure… Après quelques assistanats dans le monde de l'opéra en début de carrière, il a mis en scène Entrée Perpétuelle de Valère Novarina avec Laurence Mayor, La Comédie de Macbeth de Jean-Marie Patte, et Hippolyte de Robert Garnier à la Scène Nationale d'Evreux. Il a collaboré comme dramaturge au spectacle de Laurence Vielle et Magali Pinglaut sur les Pensées de Blaise Pascal en Belgique, joué en récital les Chimères de Gérard de Nerval avec la claveciniste Noëlle Spieth. Il a écrit Une vie débutante, édité en 2010 par Alain Berset (Héros limite). Il a animé de nombreux stages de théâtre autour de l'œuvre de Novarina, et écrit des spectacles pour de jeunes acteurs, dans l'Oise, à partir des écrits de sainte Thérèse de Lisieux et Gérard de Nerval.

Avec La Revue Éclair de Stéphane Olry et Corine Miret, il a lu ces dernières années dans le cadre des Salons de lecture à La Roche-Guyon : Georges Perec, Saint-Simon, Charles Garnier et Casanova. Il a joué dans La lecture, ce vice impuni et collaboré au Voyage d'hiver. Cette année 2011, il joue dans Clients de Grisélidis Réal mis en scène par Clotilde Ramondou au Théâtre Paris-Villette, et reprend à l’été 2011 Premier amour de Beckett, seul en scène, dans le cadre du festival Paris Quartier d'Été, mis en scène par Xavier Marchand.

Hendrik Sturm (arpenteur)

Sculpteur formé à l'école des beaux-arts de Düsseldorf et à l'école des hautes études en arts plastiques à Paris et docteur en neurosciences avec une recherche sur le contrôle moteur de la main. Il intègre l'école d'art de Toulon en 1999 et y enseigne la sculpture et l'approche scientifique (culture générale). Son intérêt actuel de création et recherche vise le paysage urbain par une pratique de promenade.

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